Le jumelage Quéven-Koro ?
C'est évidemment toutes ces rencontres à Quéven et à Koro que nous avons faites depuis 2001.
Et encore plus évidemment, tous ces projets de développement que nous avons soutenues à Koro, grâce aux Quévenois, à la commune, aux institutionnesl: plus de 40 réalisations, petites ou grandes, toujours en direction des populations koroises, et toujours à leur demande : école, assainissement, eau, associations villageoises, maraîchage, agriculture , association féminines...
Mais ce sont sont aussi tous ces souvenirs, cocasses , amusants ( pas toujours sur le moment...!!!) qui ont jalonné nos visites et rencontre chez nos jumeaux korois
Les Korois en auraient d'ailleurs sûrement à nous raconter . Nous leur demanderons ... ! Promis ...
le coup de la panne !
Samedi 7 juillet 2001 -Piste Mopti-Koro.
C’est le premier voyage à Koro. Une heure et demie pour parcourir les 25 kilomètres ! La piste est complètement défoncée et avec la nuit, les chauffeurs ne dépassent jamais les 20 km/h … Tellement défoncée que les violentes secousses dues aux profondes ornières ont bien secoué le véhicule de tête qui s’arrête brutalement.
L’hélice touche au radiateur et il manque un boulon. Dans la nuit sans lune,-il est 21 h.- on cherche ce boulon à la lueur des torches. Le tout ponctué par les éclats de rire de nos amis korois. Les six Quévenois eux, sont étonnés par cette bonne humeur en pareil moment. Finalement on trouve la pièce, mais ça ne suffira pas et il faut bien admettre qu’il ne reste qu’une solution : faire tirer le véhicule en panne par l’autre 4x4. Il faut d’abord réussir à décoincer le câble…
Les 50 km restant se font donc à très petite allure et c’est à 23 h que nous arrivons à l’Hôtel des Arbres de Bankass. On est attendu par Anahi, le Maire de Koro, qui nous avait réservé des chambres. Mais comme personne n’avait prévenu que nous prendrions les repas, il faudra encore attendre longtemps la cuisson des pâtes. Fourbus, nous rejoignons les chambres théoriquement « ventilées », sauf que, sans prise électrique ni d’ailleurs de courant électrique, le ventilateur a du mal à fonctionner !
Dimanche 8 :
Le petit déjeuner est le bienvenu.
Les chauffeurs n’ont pas dormi : il sont retournés à Mopti, puis ont travaillé sur le 4x4 jusqu’à 5 heures du matin. Mais, tout est arrangé…
Anahi a mis sa tenue d’apparat pour les cérémonies d’accueil prévues dès ce matin et nous délaissons shorts et tenues de routard pour des vêtements mieux adaptés à une réception officielle. .
départ à 8 h 45. Koro est à 52 km et on est attendu à 9 h30.
A mi-chemin, juste avant Pel, un bruit suspect inquiète le chauffeur : la pièce que l’on croyait réparée a cette fois définitivement rendu l’âme.. Nouveau tractage avec le câble. Hélas, à Pel, ni mécano, ni moyen de réparer. Et le câble est prêt à céder. On trouve une solide barre de fer pour amarrer les deux 4X4. C’est donc avec ce convoi insolite, qui contrarie Anahi, que nous arrivons à l’entrée du Cercle de Koro (cercle = département) : le chef de village et trois chasseurs nous accueillent au son des coups de fusils. Accueil identique quelques kilomètre plus loin au premier village.
C’est à 11 h . (au lieu des 9 h 30 prévues) que nous arrivons à l’entre de Koro-ville. Accueil officiel du Président du Conseil de Cercle, boubou blanc ceint de sa ceinture tricolore, vert-jaune-rouge, un adjoint au maire et cinq chevaux aux selles de cuir très travaillées et montés par des chausseur en tenue d’apparat.. « Son Excellence » notre premier adjoint-au Maire de Quéven, Vincent Gragnic, est inviter à monter sur un des chevaux…Pour la photo !
C’est encadrées par les chevaux, au rythme des tam-tams, que nos voitures arrivent au pas dans la ville sous les applaudissements, les saluts, les sourires des Korois ; Des vélos et mobylettes nous accompagnent . des enfants courent à nos côtés nous lançant les preliers « Toubab, ça va ? » qui nous seront répétés durant tout le séjour.
Après la banderole souhaitant la bienvenue à la première délégation quévenoise, nous descendons des véhicules, maire de Koro en tête , boubou bleu clair et chéchia blanche dorée. Vincent reçoit en signe d’amitié un des symboles de l’Afrique : un panier d’épis de mil.Longues poignées de main aux femmes, chasseurs et notabilités traditionnelles qui font une haie d ‘honneur.
Ce n’est que coups de fusils, sifflets, chants, you-yous des femmes. La place sur laquelle aura lieu la fête est …noire de monde : on nous dira plus tard que des centaines que ces centaines de personnes auraient été bien plus nombreuses à la saison sèche, beaucoup étant absents à cause des travaux aux champs.
« Le jumelage, rapprochement des peuples. Une dimension supplémentaire à l’esprit d’ouverture et de solidarité », la banderole décore la tribune officielle où nous prenons place.
La fête peut commencer : danses rythmées des femmes en indigo traditionnel, dans un nuage de fumée et de poussière, ronde des chasseurs qui usent et abusent de leurs fusils pétaradants, chant des jeunes filles… Après la lecture de la lettre du Maire de Quéven, Jean-Yves Laurent, par son représentant Vincent Gragnic ceint de son écharpe bleu-blanc-rouge, discours du Maire Anahi Niangaly et réponse du président du Comité Quéven-Koro. Puis c’est la présentation de notre délégation et la remise des nos cadeaux au maire, à l’ensemble du Conseil Communal (= municipal) et au futur Comité de Jumelage de Koro et à son futur président. .
La fête reprend de plus belle avec quelques pas de danse esquissés par les Quévenois qui déclenche l’hilarité générale…
A table !
Première nuit à Koro.
Il fait doux, on traîne autour de la table, à la lumière d’une lampe alimentée par le groupe électrogène qui scande son rythme dans la nuit étoilée. Quel beau progrès que l’électricité ! Sauf qu’une fois couché, on aimerait bien que cette fichue machine s’arrête…
Vers 1 heure du matin, ça y est, le groupe se tait enfin , et l’on va pouvoir enfin entamer une nuit de sommeil réparateur.
C’est sans compter sur les premiers coqs qui commencent leurs chants mal réglés dès 4 heures. Vite suivis des chiens, des ânes, du muezzin, les pileuses de mil et des pétarades des premières mobylettes…
La leçon a servi : dorénavant, dans la liste du nécessaire à emporter avec soi au Mali, se trouvent en bonne place les boules Quiès … Et ceux qui croient pouvoir s’en passer le regrettent souvent !
Vendredi 25 octobre 2002 : ... Vers 13 h 00, après un bref passage à la concession d' Alpha Togo, nous allons déjeuner chez Assétou Tolo, responsable d'un des Jardins de Femmes visités la veille. Le déjeuner servi à l'ombre, poulet, riz, ragoût d'ignames et thé, est toujours aussi délicieux. ...
Vers 15 h 00, nous partons vers le village d' Ogossanhi qui n'avait pu être visité l'an dernier en raison de la saison des pluies. Nous montons à huit (!) dans le 4x4 car Attiguine le doyen nous accompagne comme interprète ; il nous faut une demi-heure pour rejoindre ce village distant de seulement dix kilomètres, tant la piste est mauvaise.
Le village est absolument superbe et tous ses habitants, musiciens, danseuses et enfants nous attendent au centre devant une superbe toguna. Les femmes ont revêtu pour l'occasion leurs plus beaux pagnes, c'est une débauche de couleurs éclatantes pour les yeux. Les danses se succèdent au son des djembés, tamalas et flûtes ... Ensuite, nous sommes invités chez le chef du village qui nous souhaite la bienvenue et nous offre un panier de mil, un coupon d'indigo et un agneau... vivant, bien entendu !!!
Comme nous sommes des voyageurs qui venons de loin et ainsi que le veut la coutume, ils nous ont préparé à manger !!! Nous sortons à peine de table mais nous nous devons de faire honneur à ce repas. C'est aussi l'instant du premier contact avec un incontournable de la cuisine malienne : le tô sauce gombo !!! S'il met l'eau à la bouche de tout Malien qui se respecte et l'apprécie, c'est vraiment tout autre chose pour les toubabs... Imaginez plutôt un immense récipient où une grosse boule de farine de mil (de la taille d'un ballon de foot !) flotte dans un liquide vert et visqueux... (on croirait qu' un éléphant a éternué dans le seau !) Il faut bien tester, les visages se crispent, quelques haut-le-cœur sont réprimés non sans difficulté mais, très diplomates, nous essayons tout de même de dégager un sourire pour ne pas laisser mauvaise impression. Beaucoup de difficultés à se servir et à manger quelque chose d'aussi gluant avec les doigts, le tout arrosé de zomkaum que les mouches nous disputent âprement…
Au final, une expérience vraiment très, très spéciale...à ne pas reconduire de sitôt ! Si nos estomacs sortent indemnes de l'épreuve, il est probable que nous n'aurons vraiment plus grand chose à redouter en terme d'expérience gastro...nomique.
C'est Alain P, l'organisateur de séjour très en verve et un peu poète après cette expérience culinaire peu banale qui a évoqué l 'éternuement de l'éléphant, expression restée célèbre depuis lors auprès des membres du Comité ...
la friteuse rouge ( ou la friteuse du PC)
Le couple de sonneurs célèbres dans tout le pays de Lorient Chevrollier-Le Bot fête ses 20 ans de carrière.
Yvette, la maman d ’Hervé fait partie du Conseil d’administration du Comité Quéven-Koro et c’est tout naturellement que les sonneurs, qui ont également participé aux cérémonies de la signature du jumelage en 2001, pensent à nous : nous tiendrons donc un stand sandwich-café-frites dont les bénéfices serviront à financer des projets à Koro.
Pas facile à trouver une friteuse électrique de collectivité. Par le bouche à oreille et les relations, on pourra disposer de celle d’un parti politique du secteur. Les frites n’ont pas de couleur . Va donc pour la friteuse. D’accord , puisque c’est pour la bonne cause, mais il faudra la rendre très rapidement à une adresse précise de Quéven. Le téléphone ne répond pas et il est impossible de prendre rendez-vous pour la remise de la fameuse machine. Vue l’urgence, on la dépose devant la porte de garage de la personne à qui nous devions la remettre…
Trois jours plus tard, les propriétaires de la friteuse s’inquiètent de ne pas l’avoir revue. Pas étonnant, puisqu’ elle a été déposée au bon n° mais… pas dans la bonne rue !
Étonné de ce cadeau du Père Noël en plein mois de mai et ne sachant qu’en faire, le propriétaire de la maison qui trouve l’objet devant sa porte s’en débarrasse à la déchèterie. Et là, évidemment, il ne faut guère de temps pour qu’elle soit récupérée par un ferrailleur intéressé par tout cet aluminium.
Tout est bien qui finit bien : en un temps record un bénévole de la déchèterie réussit à retrouver la friteuse qui sera rendue à leurs propriétaires.
Le responsable de cette méprise s’en tirera avec un bon coup de …rouge !
les charrettes
vendredi 3 mars
Il faut bien le dire : le premier projet d’assainissement du marché de Koro financé en 2002 par nos soins n’a pas été un franc succès. Une grande cérémonie et une grande fête ont eu lieu si on en croit la vidéo que les Korois nous ont envoyée . Mais si on a vu ânes , charrettes, brouettes et outils en 2003 , il faut bien dire que depuis, on a un doute sur l’utilisation… Et à chaque séjour l’affaire des charrettes est évoquée, devenant presque un sujet de friction entre nous . Les réponses sont souvent évasives et gênées, quand ce n’est pas le plus grand silence…
« Ah vous voulez les voir les charrettes ? » semblent vouloir nous dire les Korois , cette année là ! « Et bien vous les verrez ! » et nous seulement nous les voyons mais nous les utiliserons.
On nous avait promis une surprise , nous y sommes :
Tôt le matin, on fait monter les 10 Quévenois sur les cinq charrettes , « nos » charrettes, conduites par « nos » ânes . Direction Sandiourou..
Après être passé devant l’abattoir de Koro , pas vraiment aux normes européennes – les bœufs sont abattus et découpés en plein air sur une dalle de ciment, semble-t-il nettoyée par les vautours qui guettent dans les arbres alentours- nous parcourons cahin-caha les 9 kilomètres de brousse nous menant au village.
Deux heures de balade , finalement inoubliable, dans le plus grand calme.
A l’arrivée du village , tout change : nos charrettes sont envahies d’une foule innombrable d’enfants, de femmes qui chantent , de chasseurs qui font pétarader leurs fusils, de jeunes rythmant notre arrivée avec leurs tam-tams.
Nous l’avions oublié ! Sandiourou (1200 habitants) fait partie de ces deux villages touchés par une très grave crise alimentaire en 2005 et que nous avions aidés en finançant l’achat de 2 tonnes de mil pour chacun d’eux .
Les villageois tiennent à nous remercier et l’on s’en souviendra longtemps. Même l’on prendra vite conscience à quel point notre « geste » était symbolique, puisque qu’il faut un sac de 100 kg de mil pour nourrir une famille pendant un mois…
Marabout d'ficelle...
la même année , la veille de notre arrivée à Koro , le mercredi 28 février. Après un merveilleux voyage qui nous a conduit de Mopti à Tombouctou par le fleuve, fait traverser le désert jusqu’à Douentza, nous terminons notre découverte de la falaise par Enndé, petit village où nous avons l’habitude de descendre au campement chez Boukari dont nous sommes plutôt satisfait … Enfin, jusqu’à présent…
Le soir, un habitant du village , averti de notre présence vient nous rendre visite . Il propose un massage au beurre de karité . Jean se laisse tenter par l’aventure et « met en tenue » . Il en est d’ailleurs très satisfait…
Jusqu’au lendemain matin, quand il se rend compte qu’il manque une grosse somme de francs CFA dans son portefeuille… Pas de preuve , mais de forts soupçons puisque une seule personne étrangère au groupe et au campement est venu nous voir… Le patron du campement est consterné, la réputation de son hébergement étant en jeu. Il n’ya pas grand-chose à faire d’autre que de continuer notre programme … Au retour de la visite du village, alors que nous devons prendre les 4x4 pour rejoindre Koro, nous trouvons au campement le masseur, le patron et le personnel et des personnes inconnues : ce sont le marabout du village et son « apprenti ». La séance de maraboutage commence. Le marabout prend le soin de nous dire que la séance peut avoir des risques, car si le coupable est démasqué , iles puissances obscures le rendront fou ! Et le coupable, après tout peut très bien être l’un d’entre nous… On accepte le risue et la séance commence. Un poulet est égorgé entre longues prières et incantations à laquelle on ne comprend rien…
Tant pis, ça n’a pas marché , personne n’est fou, ni un toubab ni le masseur ! En route, nous allons à Koro où on nous attend
… Un an plus tard, Abdra notre ami guide qui nous conduit depuis 2002 dans nos périples se rend chez Boukari à Enndé avec un autre groupe de touristes et apprend la vérité . On a découvert le coupable : le masseur qui s’est acheté un très belle mobylette . Et n’est pas devenu fou…
le croque-morts batave...
Pour les 5 ans du jumelage, une forte délégation de Quévenois, dont Jean-Yves Laurent le Maire de la commune, s’est rendue à Koro. Si un Korois ne peut se rendre à Quéven sans aller voir la mer, ce serait pécher pour un Quévenois d’aller à Koro sans visiter la falaise dogon…
Nous y faisons donc un saut de puce car le temps est compté. Les Korois nous ont loué ce qui fut sans doute un véhicule, en tout cas pas vraiment adapté à des toubabs délicats ! Le moindre cahot – et nous n’avons que de la piste- et tout le monde sursaute, parfois jusqu’au plafond dans ce que nous ne tardons pas à appeler entre nous la bétaillère. L’atterrissage sur la banquette en bois est souvent très dur pour les fesses, sauf pour Claudine qui a prévu son coussin. L’ambiance est tout de même à la franche rigolade pas pour tout le monde ! Un soubresaut plus violent qu’un autre a raison du dos d’ Alain P. Au point que, malgré les délicats massages de Renée, lui qui adore tant la falaise et n’en rate jamais une escapade restera cloué sur son matelas tout l’après-midi.
Lendemain : nous rentrons à Koro, cette fois par la piste sablonneuse, ce qui amortit un peu les cahots, moins violents qu’à l’aller. … Le revers de la médaille, ce sont les ensablements : deux dans la même matinée. Il faudra descendre de la bétaillère pour pousser, tirer. Mais nous sommes dans les temps et dans une heure nous serons à notre rendez-vous à Koro.
C’est sans compter sur une grosse panne qui nous immobilise à 10 heures au beau milieu de la brousse. Un cardan a lâché ! Il fait une chaleur qu’on on en a rarement eue le seul coin d’ombre est un arbre chétif à 20 mètres. Si chétif qu’il a bien du mal à donner de l’ombre à tout le groupe qui s’y abrite pendant que le chauffeur et son apprenti essaient de réparer.
Une voiture s’arrête . Un luxueux 4x4 à faire rêver les Quévenois. Tout neuf, radio hi-fi et climatisation pour deux personnes . ! Le monde est mal fait…
Ce sont deux Hollandais qui reviennent de la falaise et cherchent à rejoindre le Burkina-Faso par Koro. Ils sont complètement perdus Il n'y guère de monde dans la brousse où les pistes s’entrecroisent et les quelques personnes rencontrées sont incapables de leur donner le bon chemin. Ils sont donc rassurés en voyant notre bétaillère et décident de nous suivre jusqu’à Koro , quitte à attendre la fin de la réparation.
L’un d’eux s’exprime dans un français impeccable et nous remonte le moral avec ses aventures et ses histoires à …mourir de rire. Il faut dire qu’il est spécialiste d’histoires macabres puisqu’il est croque-mort…
Grâce à lui, nous savons tout sur la dernière mode de l’Art Funéraire qui tient régulièrement salon à Paris, du cercueil écolo au cercueil en carton , en passant par les cercueils biodégradables et les cercueils design..
Le chauffeur est un bon mécanicien et sa réparation de fortune tiendra jusqu’à Koro même si sa conduite … à tombeau ouvert nous inquiète un peu .
c'est quand demain ?
Jeudi 20 novembre, trois heures du matin : nous sortons de l’aéroport de Ouagadougou. personne de Koro n’est là à nous accueillir comme prévu . On nous prie de sortir de l’aéroport qui se vide peu à peu… Nous nous retrouvons assis sur nos nombreuses malles sur le parking de l’aéroport, d’abord entourés des derniers vendeurs de cigarettes qui finissent par se lasser.. A 4 heures, cette fois nous sommes vraiment seuls et il commence à faire frais. Il faut se faire une raison, les Korois ont eu un incident ou nous ont oubliés…
On se décide à appeler Anahi qui à pareille heure s’affole et surtout ne comprend ce qui se passe : nous avions dit arriver JEUDI à 3 heures du Matin ? Mais pour un Malien, le jeudi ne commence qu’au lever du soleil, vers 6 heures. Le jeudi entre minuit et six heures fait donc encore partie du…mercredi !. Pour nous toubabs, nous sommes bien Jeudi 20, pour eux nous sommes … Mercredi . Et c’est pour demain qu’ils nous attendaient. .
La leçon est retenue et la prochaine fois, nous dirons arriver jeudi à … 27 heures. Ce sera plus sûr .
Heureusement, Alain P. a le numéro de téléphone d’ Issaka , un chauffeur-guide burkinabé que nous connaissons. Il vient nous chercher pour nous conduire à la gare routière d’où nous rejoindrons en car la frontière malienne.
Mais, lui aussi, prévenu de notre arrivée dans les mêmes termes, pensait que nous n’arrivions que le lendemain…
crevés...
Nos hôtes korois avaient convenu de nous reconduire à Ouahigouya de l’autre côté de la frontière où nous devions prendre le car pour l’aéroport de Ouagadougou . Finalement rien ne se passe comme prévu et au dernier moment, à 14 h 30, on nous enfourne dans une sorte de taxi, pour le moins délabré..
16 heures, sur la piste amenant à la frontière , crevaison…ça commence bien ! . Réparation avec une roue de secours aussi mal en point !
17 h 30, c’était à craindre : deuxième crevaison, sauf que le chauffeur n’a évidemment pas prévu de deuxième roue de secours !!
Nous sommes en pleine brousse, sans âme qui vive à l’horizon, sans trace de village à proximité, au bord d’une piste très passagère avec des camions qui nous frôlent à vive allure…. Le chauffeur part à pied, avec sa roue crevée qu’il pousse comme un gamin pousse son cerceau. Il va on ne sait où faire réparer. Et met beaucoup de temps à revenir...
18 h : nuit noire sans lune angoissante même si personne des cinq toubabs n’osera avouer son inquiétude : pour que les camions nous repèrent et ne nous percutent pas , on fait même un feu avec des brindilles au milieu de la piste..
Finalement le chauffeur finit par revenir à l’arrière d’une mobylette, sa roue sous le bras. Réparée. Du moins on l’espère !
Suffisamment en tout cas pour repartir à vive allure vers Ouahigouya.
Le progrès a du bon : avec son portable, il réussit à téléphoner à la gare routière et le car pour Ouagadougou qui devait partir tout de suite nous attendra jusqu’à 20 h 30 . il faut dire que nous avons fait pression avec un gros mensonge, affirmant que nous devions prendre l’avion cette nuit ( alors que ce n’était que pour le lendemain)
Décidément ce n’est pas le bon jour : à l’entrée de Ouahigouya, c’est la troisième crevaison . on transbahute tout dans un taxi pour enfin atteindre la gare routière Minuit et demi, nous sommes enfin à Ouagadougou. Une bonne bière, un bon repas et dodo à 2 heures du matin. Neuf heures pour faire moins de 300 km . Record battu ! On ne quitte pas Koro comme ça …
avoir la dent !
C’est l’année des pertes ! Dès notre arrivée à Koro, nous avons perdus 2 des 8 participants. Pas vraiment perdus puisqu’ils ont dû rester à Ouagadougou pour attendre leurs bagages oubliés quelque part par la compagne Royal Air Maroc entre Nantes et l’Afrique et qu’ils arriveront un jour après nous à Koro, avec leurs précieuses valises.
Au retour ! Rebelote …Cette fois, ce sont les celles du Comité, remplies d’artisanat et de cadeaux qui manquent. Elles n’arriveront à Quéven que 4 jours plus tard !
Non ! La perte qui marquera tous les esprits, c’est celle, de la dent d’ un membre incontournable de l’association . Une belle grande incisive du haut , laissant un trou béant à chaque sourire . Le dentiste avait pourtant assuré que, sauf à croquer une pomme sans précaution, ça devait tenir. Est-ce le changement de température ? Juste avant une réunion avec nos jumeaux, la dent est tombée. Fous rires retenus des 7 autres, pendant cette réunion… et surtout moquerie pendant tout le séjour dès que le président ouvre la bouche…
Car même si chacun y va de son conseil pour recoller l’objet du délit -dentifrice , chewing-gum - il faudra s’habituer à ce sourire « africain » sympathique moquerie de tout le séjour.
Si vous voyez des photos de l’escapade malienne 2009, vous saurez maintenant pourquoi, sur toutes les photos, un des membres a toujours les lèvres pincées.
couleur locale
Lors d'une visite dans un village de Koro, une femme dogon offre un pagne de coton indigo, à Laurence
Si l’indigo ne laisse pas de trace sur la peau noire, la peau de la femme toubab se teinte vite de violet "maintenant, tu auras la même couleur de peau que la mienne, n'oublie pas de défendre les femmes" dit la villageoise à Laurence.
Dans la falaise de Bandiagara, si un groupe d’enfants est agglutiné autour de l’un d’entre nous, c’est forcément autour de Laurence. Avec ses comptines et son tour de magie du « doigt coupé », elle fait un succès assuré !
repas à la malienne
Anahi souhaite nous faire rencontrer un ami qui tient à nous présenter sa famille. Il nous invite dans sa concession et, étant donnée l’heure, il tient à nous garder à dîner. Ce sera un de nos premiers repas à la malienne , assis par terre autour du plat commun (poulet-haricot-riz) où chacun plonge sa main droite (pas la gauche, c’est inconvenant). Auparavant, on nous fait passer une calebasse remplie d’eau pour que chacun puisse se laver les mains…
A la fin du repas, un autre récipient passe. Renée et Annie y plongent leurs mains bien grasses pour se les rincer, déclenchant un grand éclat de rire chez les Maliens. C’était l’eau potable, celle à boire !
Il paraît qu’on en parle encore dans la famille.
*******************
Dans un village, une fête est organisée pour notre passage. La confrérie des chasseurs ouvre la cérémonie en faisant pétarader ses fusils. Ils y prennent un malin plaisir et redoublent leurs tirs quand ils s’aperçoivent qu’une femme du groupe, apeurée, sursaute à chaque détonation .
C’est maintenant aux femmes mariées de se lancer dans une sorte de long andro local. C’est la danse des vieilles femmes dans laquelle elles entrainent les femmes toubabs. Est-ce le fait que nos bretonnes – encore jeunes- soient considérées comme des vieilles femmes ou leur pas très peu orthodoxes qui amusent tant le village ?
Après la fête, nous sommes invités à prendre le déjeuner – à 15 h 30 – dans une case du village. Nos hôtes se contentent de nous regarder manger puisque c’est l’époque du Ramadan. Une toubab,Marie-Annick , sans doute affamée après cette longue dans e sous le soleil, se précipite sur un morceau de tomate qu’elle dévore à pleine dent.
Hélas, trop tard pour se rende compte qu’il s’agissait d’un morceau de piment rouge qu’un seau d’eau fraîche a bien eu du mal à éteindre.