ce texte a été rédigé le 31 mars, avant lla main mise du Nord-Mali par le MNLA, AQMI et Ansar Din...
22 mars 2012 : Coup d’État au Mali par des sous-officiers inconnus et hommes du rang qui ont déposé le président ATT (Amadou Amani Touré) alors que des élections présidentielles devaient avoir lieu le 29 avril… En parler ? Ne pas en parler ? Nos relations avec Koro doivent demeurer à l’écart de la politique, malienne comme française, c’est d’ailleurs dans les statuts de notre association et dans la Charte de jumelage signée en 2002.
Toutefois, suite à la lecture de la presse française (peu loquace au 31 mars), étrangère, malienne, d’entretiens avec des amis liés à d’autres jumelages, et des contacts avec des amis maliens…, à titre personnel, j’ose émettre un éclairage.
Drôle de coup d’état, tout de même : une semaine après ce putsch sans trop de violence (toujours trop…) la situation est calme au Mali : trafic aérien rétabli, reprise d’activités dans les administrations et le secteur privé, frontières ouvertes… Et il en est de même à Koro où la population semble sereine. Et le CNRDR (Comité national pour le redressement de la démocratie et le redressement de l'état) formé par les militaires a annoncé une nouvelle constitution qui, en particulier leur interdira de se présenter à des élections…
D’un côté, bien dans son rôle, la communauté internationale, dont les pays voisisn d'Afrque de l'Ouest ,a condamné ce coup d’état .Au Mali, nombreux partis politiques, également dans leur rôle, s’opposent – parfois du bout du lèvres- au putsch et une (petite) manifestation de 1000 personnes a eu lieu contre les militaires lundi 26, jour férié.
Le surlendemain, une foule monstre de 25 à 30 000 personnes a manifesté son soutien à la junte dans les rues de Bamako … Et l’on me dit qu’une large partie des Maliens partage cet avis. Difficile à comprendre vu d’ici !
Comme d’autres, journalistes locaux, personnes de la rue ou amis maliens proches, le grand écrivain Moussa Konaté (ses livres sont à la Médiathèque) a son explication et affirme que « C’[était] une situation qui était prévisible ».
La raison invoquée par les militaires est le manque de volonté politique et la très mauvaise gestion du conflit avec les rebelles du Nord et l’Aqmi, par une armée sans moyen, parfois à cours de carburant voire de munitions ! Mais il semble bien que ce coup d’État soit en train de révéler la « gestion d’un pays qui ne va pas » et hélas la généralisation aux plus hauts sommets d’une « corruption qui gagne du terrain » (Moussa Konaté).
Face aux opposants, si une (grande ?) partie de la population qui souffre, associations, femmes, jeunesse… soutient le mouvement, c’est en raison d’un malaise social d’une grande profondeur, dissimulé depuis 10 ans par l’expérience démocratique du Mali, pris en exemple dans toute l’Afrique.
Comme ATT, qui a renversé le dictateur Moussa Traoré en mars 1991, cette « drôle de junte » va-t-elle tenir sa promesse d’un prochain gouvernement civil ? Et quand ? Les états africains voisins vont-ils réussir à les convaincre de laisser la main à une solution de transition ? N’y a-t-il pas risque de « contre-coup d’état » avec toutes ses conséquences ? A l’heure où j’écris – le 30 mars- il est impossible de prévoir l’issue de tout cela.
Quoiqu’il en soit, souhaitons que le Mali ne sorte pas affaibli par ces évènements et que les futurs gouvernants tiennent compte de ce profond malaise, latent et sans réponse depuis si longtemps…
Concernant le Comité Quéven-Koro, notre mission se poursuit : le premier rapport sur le commencement des projets 2012 à Koro est positif, et nous encourage à continuer notre soutien à nos amis maliens. Et, sauf gros imprévu, en octobre prochain nous fêterons les 10 ans de jumelage avec les Quévenois et une délégation de quatre Korois, membres actifs du Comité : Djénéba Tessougué, par ailleurs adjointe au Maire, Aly Togo, Atiguem Poudiougo et Hamadoun Niangaly.
Alain Duclos
... depuis la rédaction de ce texte, les rebelles d'AQMI, d'Ansar Din et du MNLA ont pris possession de tout le Nord-Mali et le pays est dans l'impasse totale